Automne 2015
Lecture par Yves Neyrolles : Joseph Laurent Fénix , Histoire passionnante de la vie d’un petit ramoneur savoyard
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- Catégorie : Octobre 2015
- Publication : mercredi 7 octobre 2015 08:55
- Écrit par L'Improbable
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Mercredi 14 octobre 19 h
Mairie annexe de Lyon 5 e
Place du Petit Collège – Vieux-Lyon
Lorsqu’il prend la plume pour raconter sa vie, Joseph Laurent Fénix est un homme brisé. Réchappé de la Grande Guerre certes, mais
défiguré, irrémédiablement marqué par cette traversée de l’épouvante. Fénix n’est pas un littérateur. Ce qui apparaît sur le papier requiert une
particulière attention, tient du déchiffrage tant l’écriture ignore les règles élémentaires de l’orthographe et de la grammaire. Pour être publié, le
texte a dû être « traduit ».
Une force singulière émane cependant de ce récit que son auteur ne craint pas d’intituler, à la manière des grands romans populaires du
XIXe siècle : Histoire passionnante de la vie d’un petit ramoneur savoyard, écrite par lui-même. Plongée sur une enfance laborieuse qui, en comparaison avec ce qui va suivre, paraît heureuse. Plongée surtout sur les années terribles, de 1914 à 1918. Cette parole authentique vaut bien les romans que le tragique événement a pu inspirer. Et comme nous sommes, pour trois années encore, dans le temps de la commémoration, il me semble important de faire entendre, parmi d’autres, cette voix-là.
Prologue
Ma rencontre avec Laurent Fénix remonte à Octobre 1958. Je travaillais à l’époque
comme journaliste à Lyon et j’étais connu auprès de la classe ouvrière pour mes opinions
politiques. C’est ce qui incita Fénix à me confier le manuscrit de sa vie. Je me souviens d’une
longue silhouette voûtée, d’un visage très pâle dont la partie gauche n’était qu’une cicatrice. (…)
Au lendemain de la guerre de 1914 – 1918, on disait de ces mutilés qu’ils étaient des « gueules
cassées ».
(…) Peut-être parce qu’il avait enfin quelqu’un qui l’écoutait, il parla longuement,
difficilement. Sa vie… Sa femme qui s’était jetée sous un train avait les deux jambes sectionnées
et était internée dans un hôpital. Il souhaitait qu’elle revienne un jour auprès de lui et l’ancien
tailleur de traverses à la SNCF avait, de ses mains, confectionné une chaise roulante pour
l’absente.
Il me remit le contenu de son paquet pour voir ce que je pourrais en faire… C’était un
legs… Mais je ne devais le comprendre qu’un mois plus tard. Parce que l’épilogue de cette vie
est si atroce qu’il fallait laisser s’écouler le temps.
Marcel Peyrenet
Yves Neyrolles